Michel Perrin, gentilhomme des lettres
Remi Perrin
Je n'ai pas connu les années psychédéliques. Je n'écoutais pas Jimmy Hendrix, ni Bob Dilan, et n'avais au-cun goût pour Kerouac. Dans l'appartement familial, la clarinette de Mezz Mezzrow, les chansons désopilantes de Georgius, formaient l'atmosphère quotidienne. Et j'en suis reconnaissant à mon père.
Écrivain atypique, Michel Perrin (1918-1994) connut très jeune les figures qu'il admirait : Blaise Cendrars, Max Jacob et Hugues Panassié. Journaliste, ce sont les princes du métier qui lui mettent le pied à l'étrier : Jean Galtier-Boissière au Crapouillot, et Georges Charensol aux Nouvelles littéraires.
Biographe d'Arletty, qu’il sort de l'oubli où l'a plongée l'Épuration, il écrit pour le théâtre. Docteur Glass connaît un triomphe à la Porte-Saint-Martin, en particulier par la verve délirante de Darry Cowl. On y découvre les affres d’un auteur face à son interprète. Ami d’Hugues Panassié, Michel Perrin défendra toute sa vie le jazz qui swingue contre le bebop qu'il abhorre.
Pasticheur de haut vol, il rédige un recueil de parodies, Monnaie de Singe, reconnu comme l’un des modèles du genre. Mais tout cela ne serait rien sans les amitiés qui lui ont fait traverser le XXe siècle comme un Lagarde et Michard d'auteurs potaches ou facétieux : l'humour d'Alexandre Vialatte, les canulars de François Caradec, les pirouettes de Roland Cailleux, la finesse de Jacques Laurent.
Journaliste à Télé 7 jours, il n'a pas cédé aux sirènes de l'audio-visuel et continue d’écrire avec une bande de copains talentueux tous oubliés : Andréota, Serval et Chabrun.
Un quart de siècle après sa mort, j'ai souhaité redonner vie à ce destin original, à un peu de cette France littéraire aujourd'hui enfouie, oubliée, et qui ne demande qu'à renaître.
Né à Paris en 1965, Remi Perrin est le fils de Michel Perrin dont il a partagé les amitiés et les soirées du Tout-Paris littéraire et musical.
Il est actuellement fonctionnaire à la Ville de Paris, après avoir dirigé sa maison d’édition de 1999 à 2015.
Dans la presse
Famille Chrétienne, n°2191, semaine du 11 au 17 janvier 2020
Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose. Pourtant, Michel Perrin fut dans les années cinquante et soixante un auteur dramatique connu, un pasticheur surdoué, un journaliste cultivé, un amateur de jazz fervent, un catholique born again, comme on ne disait pas alors. Son fils Rémi le fait revivre avec beaucoup de talent et d’humour dans un récit savoureux. Nous voilà plongés dans une époque présoixante-huitarde où la télévision diffusait « Au théâtre ce soir », où les journalistes avaient du temps pour écrire leur papier (on les envie un peu !), où les revues de jazz s’étripaient autour du be-bop pour savoir si c’était ou non du « vrai » jazz… Rémi Perrin nous a mis l’eau à la bouche. On attend son deuxième livre avec impatience.
Charles-Henri d’Andigné
POLITIQUE MAGAZINE, n 189, mars 2020
Michel Perrin est né en 1918 et mort en 1994. Jeune homme nonchalant, doué, ferme dans ses goûts, il a côtoyé le succès sans s’y installer, l’époque sans s’y dissoudre et la réaction sans s’y consacrer. Son fils lui consacre aujourd’hui une biographie qui est plus une évocation des années 50 à 70, avec un mélange charmant de pudeur, de regret et d’admiration, tous sentiments tempérés par le jugement, ajustés par la distance, adoucis par le temps, mais qu’on sent frémissants sous le récit d’une époque où être de droite signifiait fréquenter facilement Vialatte et Laurent, Roland Cailleux et Jean Nouyrigat ; signifiait surtout disserter sur tous les sujets, dont le jazz, aimer la littérature et en parler sans cesse dans Télé 7 jours au fil de longs articles, retrouver discrètement la foi et franchir chaque année embarqué dans la nef des amis sûrs. On suit cette carrière fragile avec intérêt, avec amusement, avec émotion : ce n’est pas si souvent que quelqu’un s’efforce de retracer un destin sans le noircir ni l’exalter mais au contraire en le posant avec délicatesse à sa juste place, petit maitre aimable qu’on a envie de redécouvrir (moins sa biographie d’Arletty, qu’il a réhabilitée, que ses pastiches, sans doute). Le fils restitue, par son écriture simple, précise, et ses sentiments à peine esquissés, tout ce qu’il a reçu du père, et cette partie de l’héritage est assurément plus forte que l’hommage de la renommée.
Richard de Seze
Les Chroniques d'Alfred Eibel, 28 janvier 2020
Écrivain inclassable, Michel Perrin (1918 – 1994), un penchant à voir et à savoir, pasticheur et journaliste à Télé 7 jours, plume agile qui lui a permis de connaître des succès notamment au théâtre avec Darry Cowl dans Docteur Glass. Ami de Max Jacob et d’Arletty, le bonheur était son couvre-chef. Remi Perrin retrace la vie de son père avec minutie et bienséance, couvrant ainsi une époque aux instants privilégiés où quelques célébrités ont émergé, aujourd’hui disparues à jamais des mémoires, il faut le souligner. Michel Perrin avait la rage de vivre, titre du fameux bouquin de Mezz Mezzrow. Je me souviens encore de nos nombreux déjeuners durant lesquels nous évoquions notre passion commune du jazz, de musiciens que nous avions rencontrés comme Louis Armstrong, Duke Ellington, Earl Hines, Lionel Hampton, Willy « The lion » Smith, ou écoutés comme Jerry Roll Morton, Fats Waller, Kenny Clark ou Benny Carter. À ce sujet, Remi Perrin écrit : « L’amour du jazz a joué un rôle disproportionné dans la vie de mon père ». En lisant ce livre, on met un pied dans une autre époque. On fait de la décalcomanie, procédé par lequel on décalque des images peintes sur du papier. Remi Perrin décalque avec justesse des images furtives de la vie de son père qui emballent une époque.
Alfred Eibel
Fiche technique
- Couverture
- souple
- Date de parution
- décembre 2019
- Dimensions
- 13,5 x 20,5 cm
- Pages
- 126 + 8 p. de photos